Sur le port

L'air marin soufflant doucement sur le visage de Fanarel lui faisait le plus grand bien. De toutes les choses qu'il avait vu, la mer était bien la plus merveilleuse et la plus attirante.
La brise marine lui rafraîchissait l'esprit et il put se concentrer enfin sur l'objectif qu'il s'était fixé.
Le jeune homme-félin était assis sur un banc face aux quais auxquels étaient amarrés de magnifiques bateaux comme de simples coquilles de noix.

Par où commencer ? Où peut-il être ? Où faut-il que j'aille ? Combien de temps vais-je perdre à la recherche de ce qui pourrait n'être qu'une chimère ? Est-ce que l'omniscience vaut le coup de s'embarquer dans une telle aventure ? Où est-ce que ma soif de culture va t-elle me mener ? La Mer.... Peut-être est-ce par là qu'il faut que je commence mes recherches... La mer est grande et de nombreuses îles s'y trouvent... Peut-être que.... Oui... l'Archipel d'Altoraï... Je le sens dans mon âme... Là bas je trouverais quelque chose... peut-être pas ce que je recherche mais je trouverais quelque chose... A moins que je n'y trouve que la mort... Mais ce sera toujours sera de pris... la mort.... Ce n'est qu'une expérience... La connaître ne fera que m'avancer sur le chemin de la connaissance.... Oui.... La Mer.... Là bas à l'est se trouve ce que je recherche.... pour l'instant....

Fanarel reprit ses esprits en voyant s'approcher des marins humains visiblement saoul vu le niveau sonore de leurs paroles, les injures qui ponctuaient leur propos et leur démarche maladroite.

Mieux vaut s'éclipser... Une confrontation avec eux ne me vaudra que de la prison et des bleus...

Rabattant le capuchon de sa cape sur sa tête, le jeune homme-félin s'enfonça dans une ruelle sombre... en quête d'un bateau....

Les archipels d'Altor'aï étaient difficiles à atteindre, mais pas impossible. Deux routes étaient connues de Fanarel : la première était de longer la Kalëar par la mer alors que la deuxième plus longue empruntait les terres de Kalen'oï. C'était avec un espoir intense qu'il arpentait les ruelles sombres aux détours des belles habitations portuaires à la recherche de ce qui pour le moment constituait le seul espoir d'atteindre son but : un navire. Les sages du sanctuaire planifiaient toutes les traversées de la mer seulement au fond de lui le jeune Homme-félin savait que rares étaient les navire à voyager au delà de la Kalëar.

- Tu vas dégager de là espèce de rat crevé ! Hurla un homme aux yeux étranges en jetant hors d'un bâtiment un pauvre Kalénien en larme.

La porte refermée, le mélancolique jeune homme, seul, se recroquevilla sur lui même en esperant que Fanarel passe sa route sans lui assener d'injure physique ou moral.

Tant de violence face à une personne vivante fit écho dans le coeur de Fanarel à ses propres souffrances. Il ne pouvait pas passer sa route après cela comme la plupart des personnes "normales". Il s'approcha donc du jeune kalénien et lui demanda :

-Vous allez bien ? Pourquoi cet homme vous a t-il ainsi malmené ?

Fanarel espérait que la réponse ne serait pas "Parce que je suis un Kalénien" mais au fond de lui, une partie mauvaise de son esprit le voulait car ainsi il aurait la confirmation de ne pas être le seul à souffrir à cause de sa race.

Alors qu'un sursaut l'ancra un peu plus dans sa peur, la douce voix de Fanarel le rassurait et le mettais en confiance. Il leva la tête vers l'Homme-félin puis se redressa en s'aidant du mur, à sa manière de se tenir il avait reçu des coups aux côtes et à l'estomac.

- Je... je voudrais me rendre au Bastion pour étudier les livres anciens des Lycans mais le seul qui y retourne directement part ce soir et je ne puis attendre encore une année qu'il revienne. Sans compter que je n'ai pas les moyens de faire des étapes à mon voyage. Au final je ne vaut pas grand chose... que vais-je faire pendant un an ? Pourrais-tu me prendre dans ton voyage car un guerrier de ta race a forcément des idées de voyages.

Ses mots étaient quelque peu hésitant mais sur le doux visage du Kalénien se dessina un timide sourire.

- Quel bougre suis-je, je m'appelle Talos.

Touché par la détresse du Kalénien, Fanarel se dit qu'il ne perdrait rien à accepter et qu'avoir un compagnon de route sur lequel il pourrait compter ne pouvait pas être une mauvaise chose.
Il préféra donc accepter en espérant que ce serait la meilleur chose à faire.

-Viens Talos, aide moi à trouver un bateau.

N'attendant pas de réponse du kalénien, il commença à s'éloigner dans les rues du port.

Le Kalénien eu le regard illuminé d'espoir, il se releva et suivit alors Fanarel en le bombardant de question.

- Un bateau ? Ou te diriges-tu ? Est-ce dangereux ? etc...

Les questions fusèrent, le Kalénien étit si enthousiaste qu'il se stoppa net avant de dire.

- Pardonne moi, rares sont ceux qui aide les sages comme moi. Je peux t'aider à trouver un bateau si tu le désire mais encore faut-il connaitre la destination.

Le jeune Kalénien amusait et en même temps intriguait Fanarel...
Peut-être serait-il plus utile qu'il le semblait à première vue.

-Je dois me rendre à l'Archipel d'Altoraï et je n'ai pas beaucoup de temps...

L'homme-félin espérait que son ton dissuaderait Talos de lui demander pourquoi il devait s'y rendre.
Les deux compagnons se trouvait en ce moment sur une grande place pleine
d'étalages car aujourd'hui était jour de marché. Fanarel espérait que
le tumulte des voix et le chaos des gens les cacheraient mieux que
n'importe quelle sombre ruelle.
Tout en marchant, le jeune homme-félin réfléchissait à comment trouver
un bateau et comment persuader son capitaine de prendre à son bord deux
passager... Alors qu'il réfléchissait, sa main qui se trouvait dans sa
poche toucha la seule chose de valeur qu'il possédait : la bague d'Ylis,
sa mère... Lorsque il entra en contact avec cet objet, il sentit une
présence envahir son esprit et si il n'essaya pas immédiatement de la
chasser c'était parce que la présence était infiniment douce et pleine
d'amour... Une sensation chaude envahit doucement le corps de Fanarel et
il eut juste le temps de dire à Talos :

-Asseyons nous sur ce banc... J'ai besoin de réfléchir...

Fanarel s'assit et laissa la douce sensation envahir tout son corps et
détendre tout ses muscles... Il se sentait bien et étonnamment fort.

-Que m'arrive t-il ?
-Voilà... C'est bien mon enfant....
-Qui... Qui êtes vous ?
-Peu importe... Je suis là pour t'aider...
-M'aider... à quoi ?

Chaque pensée de Fanarel était plus dur à formulée et il sentait son esprit prêt à sombrer dans les abysses de l'incoscient et pourtant il luttait.

-Ne t'inquiète pas... Laisse ma présence t'envahir... Je n'ai que peu de temps et j'ai beaucoup à t'enseigner....
-Mais...
-Chut, dors mon enfant... Laisse moi t'enseigner les bases de nôtre art... Laisse ma présence te bercer.... Dors....

Fanarel ne pouvait plus lutter. Il abandonna donc sa conscience aux mains de la présence et il sombra dans les ténèbres...

-Viens Talos... J'ai finis mes réflexions... Nous pouvons y aller...

Cela ne faisait que quelques minutes qu'ils s'étaient assis et déjà ils repartaient à travers les rues du port frontière.

Au plus profond de son subconscient, Fanarel rêvait de magnifiques vergers dans lesquels il pouvait cueillir les fruits de la connaissance... Et la présence prenait soin de lui pendant ce temps.... Enfin il goûtait à l'enfance...

Talos fut dans un premier temps un peu choqué du ton sec qu'avait prit Fanarel pour parler de sa destination, puis ensuite il fut quelque peu intrigué par l'état pensif de ce dernier. Son attitude timide revint dès lors que le voyant reprit route à travers le port.

- Cet homme là bas désir se rendre à Altor'aï pour des raisons que je n'arrive pas à... lire. dit Talos gené.

L'homme en question était un humain d'une quarantaine d'année enchâssé dans une belle armure de fer aux drapés bleus. Sur ses hanches était accrochée une belle épée, symbole des soldats de l'Alliance.

Empêtré dans les lianes bleus de son subconscient, Fanarel observait la scène qui se déroulait devant ses yeux comme dans un rêve... Il n'était pas l'auteur de ses mouvements mais le spectateur. Au demeurant, cela ne le dérangeait pas, la seule pensée qui effleurait son esprit était : "Quel jolie épée".
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S'approchant doucement de Talos, Fanarel chuchota à l'oreille du Kalénien :

-Lire ? Nous reparlerons de cela plus tard....

Ensuite, Fanarel s'approcha doucement du soldat humain et demanda :

-Excusez moi mon bon monsieur, mais j'ai entendu dire que vous cherchiez à aller vers Altoraï et il se trouve que c'est justement là que mon ami et moi, l'homme-félin fit signe à Talos de s'approcher, souhaitons nous rendre. Mais permettez que je me présente : je me nomme Fanarel et voici Talos, nous sommes tout deux des érudits et nous avons entendus dire que nous trouveron à Altoraï des ruines qui pourraient nous intéresser... De plus, nous ne sommes pas sans défense et sans utilités, je suis assez bon combattant et magicien et il me semble que Talos possède quelques pouvoirs psychiques... N'est-ce pas Talos ?

Fanarel espérait bien mettre le jeune Kalénien dans l'embarras tout en lui permmettant d'apprendre quelques petites choses sur son compganon.
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"Hum... ça va peut-être devenir intéressant..."

Toujours prisonnier de son subconscient, Fanarel s'amusait beaucoup mais en même temps, il ne pouvait pas s'empêcher d'être gêné par quelque chose mais, malheureusement, il ne savait pas par quoi...

Les paroles de Fanarel glaçèrent les sentiments de Talos qui devant le regard impatient et curieux du soldat de l'Alliance ne savait pas où se mettre.

- Je suis un... sage de l'empire de Kalen'oï et oui je suis capable d'apprendre beaucoup sur les gens de part mes pouvoirs. la confiance regagnait Talos.

- Enchanté de faire votre connaissance, je suis Neman, chevalier de Cithrìa et fervant défenseur de la toute puissante Alliance. Il est vrai que je cherche des aventuriers pour me rendre au delà des terre de la Kalëar cependant je n'en ai parlé à personne. il regarda avec amusement Talos. Je suppose que vous avez réussi à lire mes désires. Vous êtes les bienvenus, les membres de la voie du Sage sont toujours les bienvenues.

Neman regarda pendant un court instant la tenue de Fanarel et se mit à prendre un ton moins agréable mais toujours amical.

- Je voudrais pas vous offenser mais vous Fanarel n'appartenez à aucun "clan" si je puis dire ?

"Ah ah ah, il s'en sort plutôt bien le p'tit Kalénien"

"Pourquoi est-ce que je ris ?"

"Tiens c'est vrai ça, pourquoi est-ce que je ris ?"

"Laisse moi tranquille..."

"Mais comment pourrais-je te laisser tranquille ? Puisque je suis toi ?"

"Mais si tu es moi... Alors qui suis-je ?"

"Mais... Euh... Tiens c'est vrai ça... qui es-tu ?"

"Bonne question : qui êtes vous ?"

"Mais nous sommes nous !"

Fanarel ne comprenait pas exactement ce qui se passait à l'intérieur de son esprit mais il savait que quelque chose ne tournait pas rond.... A moins qu'il ai perdu l'esprit... Non... cette présence... Elle est étrange... Tout ne se passe pas comme prévu...

"Il faut que je sorte d'ici, hurla l'homme-félin dans son esprit !"
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Le jeune Kalénien s'en était plutôt bien tirer mais maintenant c'était à son tour de répondre à des questions et sur le point qu'abordait l'humain il fallait qu'il se montre prudent... Très prudent.

-En effet mon seigneur Neman, je suis un errant mais, cela se voit-il tant que ça ? A moins que vous n'ayez un sixième sens pour dénicher les errants ? Permettez moi une autre question... Avez vous un problème avec ceux qui préfèrent la recherche de la connaissance à la "guéguèrre" des factions ? Non mais parce que si cela vous offense nous pouvons trouvez un autre moyen de transport...

Pendant sa tirade, le ton de Fanarel s'était fait de plus en plus incisif et venimeux. En même temps, le jeune homme-félin ne s'inquiétait pas réellement de la réaction du chevalier, il savait qu'il ne pouvait pas refuser ou tout au moins il ne le devrait pas.
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Alors que Fanarel commençait enfin à se débattre à l'intérieur de son subconscient, les chaînes bleus de son esprit s'était de nouveau matérialisées et il sentait la panique monté en lui, il avait peur et ne savait pas comment réagir. Que devait-il faire ? Que se passait-il ?

"Du calme, mon petit !"

La présence bienfaisante était revenue et Fanarel se calma rapidement : il ne pouvait pas lutter.

"Mais que se passe t-il ?"
"Rien, rien mon enfant... Bientôt tu vas dormir... et en te réveillant tu te sentiras plus fort.... et au fil du temps, tu deviendras notre digne héritier... Dors, mon fils.... Dors et prépare toi à cette puissance..."

Le jeune homme-félin voulait lutter mais il ne pouvait pas... Il ne voulait pas... Il était fatigué.... Ses paupières immatérielles se fermèrent et la nuit l'envahit.

Neman perdit alors ton once d'amitié et de camaraderie, il fit un léger pas de recul et plaça avec assurance sa main sur le pommeau de sa lame tranchante. Le chevalier ne voulait pas se battre mais en adoptant cette posture il avertissait Fanarel qu'il était injurieux de parler de la sorte.

- Je comprend votre réaction mais vous devez savoir qu'en ces temps de troubles les errants sont quelques peu mal vue auprès de l'Alliance. dit Neman à Fanarel.

Talos se mit alors à fixer le chevalier humain droit dans les yeux. Ce dernier après un moment d'égarement repris alors sa discussion avec Fanarel.

- Puis-je savoir pourquoi avez vous décidez de quitter l'Alliance ?

A la question du chevalier Fanarel perdit tout ironie, tout humour et serra les poings. Quand il répondit, ce fut d'un ton si glacial qu'il aurait put geler la mer toute entière.

-Pourquoi j'ai quitté l'Alliance ? Pourquoi ? Vous me demandez pourquoi ? au fur et à mesure qu'il s'exprimait le ton de sa voix devenait de plus en plus menaçant et autour de lui des filaments de magie s'agitaient, Vous devez avoir vos yeux dans la poche lorsque vous vous promenez ! Vous ne voyez donc pas la réalité ? Je suis un homme-félin ! Un exilé, un condamné ! en disant cela Fanarel enleva le bandeau qui lui cachait habituellement le front, Vous voyez ?! Vous voyez ce que vos semblables m'ont fait ? J'ai été battu, emprisonner, rabaisser, insulter, chassé et tout cela seulement parce que je suis ce que je suis, seulement parce que je suis un homme-félin ! Comment voulez-vous que j'ai autre chose que du dégoût pour vos semblables ? Comment voulez-vous que j'ai du respect pour l'Alliance ? Vous voulez que je reste à jamais avec mes bourreaux ? Non, je ne suis pas si bête, j'ai bien compris que ma place n'est pas ici ! J'ai bien compris que je ne serais jamais accepté par les hommes et cela, depuis longtemps je ne le cherche plus.

La magie s'estompa autour de Fanarel et sa colère se calma. Le jeune homme-félin regarda droit dans les yeux Neman et déclara :

-Vous ai-je satisfait ?

Fanarel n'attendait pas de réponse, il pensait bien qu'il venait de réduire en fumée l'une de ses seuls chances de partir du port.

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Tout en étant endormi, Fanarel voyait derrière ses paupières des filaments de lumières traverser ses rêves. Il voyait que l'on esquissait des motifs magnifiques, il voyait comme un pinceau de lumière tracer des arabesques compliqués et pleines de puissante magie. Il voyait la puissance de la calligraphie...
Et toujours dans son esprit la voix résonnait :

-Dors mon enfant, dors, laisse moi te montrer, laisse moi te berce...

Nerman était figé devant le flot de paroles offensives qui venait de sortir de la bouche de Fanarel.

- Excusez moi de vous avoir offensé mais comprenez que l'Alliance n'est en rien responsable du massacre des Homme-félins. Il y a bien longtemps le Démon Goliath aujourd'hui terrassé a levé une puissante croisade de fanatiques qui a déclaré impure et inférieur les deux races humain-animalJe comprend votre haine envers l'Ombre ou l'Alliance, depuis plusieurs millénaires nous nous battons pour éviter de périr à notre tour. Acceptez encore une fois mes excuses mais comprenez bien que l'Alliance veille du la Terre d'Exil comme le joyau de sa plus grande couronne.

Le chevalier s'inclina en guise d'excuse avant de continuer.

- Vous êtes les bienvenus à bord de mon navire, si celà vous interresse toujours ?