Pont levis

Le pont levis du rempart n'était qu'à quelques foulés de Yaröd, sa course était rapide et agile mais l'épuisement de sa transformation l'avait affaibli.

Où est-il ?

S'approchant d'une habitation isolée non loin de la sortie d'Abyss Yaröd cherchait au regard et à l'odorat les trace de l'étrange individu.
Ses émotions étaient une chimère de peur, d'hysterie et de colère. Il devait savoir...

Yaröd était arrivé depuis à peine quelques minutes lorsque Leyrohm le rejoignit.

- Tu es venu...

Leyrohm observait le lycan sans trop savoir par où commencer son explication.

- Maylemis te rejoindra plus tard. Je serai sûrement déjà parti d'ici là. Ecoutes, si je te suis de la sorte, et si je t'ai envoyé ce maître c'était pour voir si... disons mon "intuition" disait vrai... Les anciens étaient forts et nobles. Mais maintenant, notre peuple, Yaröd, est encore une fois sur le déclain. Juliann est un bon roi, mais son grand âge l'affaiblit et l'empêche de resister à ce qui se prépare et qui ronge le Bastion peu à peu. Un certain Glenksl, seigneur Ork déchu, a pris d'assaut le sud du Bastion, y compris Pyrite. Il est incontrolable et les siens ne veulent plus de lui mis à part ses soldats. Ils sont assoiffés de pouvoir. Ils veulent le Bastion tout entier, et après ça... Je ne sais ce qui pourrait les arrêter. Seuls, nous ne pouvons rien. Les lycans sont forts mais trop peu nombreux. Le peuple Lycanthrope à besoin de toi. Libre à toi de choisir. Si tu as des questions pose-les. Sinon, je te laisserai te reposer et me rejoindre à Vardoka le plus rapidement. En cas de bsoin, Maylemis seras là à n'importe quel moment de ton épopée, si tu choisis de venir, bien entendu. Un destin hors du commun t'attends. Sois en digne.

Leyrohm se tut un moment, dans l'attente d'une quelconque réaction de Yaröd...

Yaröd ne bougeait pas, il ne voulait pas réagir à ce qu'il venait d'entendre, enfermé dans ses pensées il se demandait s'il devait retourner sur la terre dont il est accusé du massacre de sa famille ou bien s'il devait laisser l'ordre des choses désigner de qui sera le vainqueur de ce conflit.

J'ai fuis le Bastion parce que les miens ne sont pas dignes de Nargle. Ô puissant Seigneur de la mort, guide moi vers mon destin, je vous suis entièrement dévoué mais mes forces sont encore faibles. Mais oui ! Je comprend votre dessein...

- Je...

Yaröd resta figé sans pouvoir parler, son mental était si perturbé qu'il fixa son frère de race avec incompréhension et panique.

Leyrohm observait Yaröd.

- Je comprends ton hésitation. Mais tu as une force qui peut être décuplée jusqu'à des limites que tu ne soupçonne pas. Tu as juste besoin d'un peu plus... d'entrainement? Lorsque je te le dirais, et si tu le veux, tu pourras tenter d'accroitre cette force avec un des soldats de ce pont levis. La tâche sera ardue mais j'ai confiance.

Leyrohm s'interrompit un moment. Il ne voulait pas faire fuire Yaröd. Il respira lentement et reprit.

- Tu as choisis la voie de l'Ombre n'est-ce-pas? Je pense que tu ne souhaite pas rester un voleur toute ta vie, je me trompe? Alors... N'est-ce-pas là un bon moyen pour te perfectionner? Reflechis bien. Mais Reflechis vite, le changement de garde se fait bientôt, ce sera l'unique moment pour ne pas trop attirer l'attention sur ton... entrainement.

Un sourire sadique naquit alors sur les lèvres humaines de Yaröd. Nombreux étaient ceux pensant que le Lycanthrope une fois transformé atteignait l'apogée de sa puissance mais ils avaient tort... mais là où il était le plus dangereux était sous forme humaine : allier la rage et la puissance du loup au sadisme maîtrisé donnait un mélange si violent que la mort même devenait l'alliée la plus fidèle de l'individu alors devenu son apôtre.

Dieu des morts, guide ma lame, même si elle atteindra un non-vivant tu dois me guider. Un sacrifice honnorable...

L'action se devait d'être rapide, mains nues Yaröd animé d'une violente envie meurtrière guettait les moindres soldats à la recherhe de celui qui serait plus isolé que les autres, à l'ombre d'un bâtiment ou entrant dans une ruelle. Les gardes d'Abyss étaient trop puissants pour lui, s'il ne le tuait pas du premier coup le combat serait perdu d'avance.

Leyrohm sourit à la vue du Lycan. Maylemis arriva au même moment.

- Que se passe-t-il?

Leyrohm fit un signe vers Yaröd.

- Il est pret. Yaröd. Voici un garde, ton entrainement commence. A toi de deviner de quel côté il arrive afin de mieux l'attaquer.

- Tu n'as que 3minutes et 37secondes avant qu'un second garde ne passe par là et ne vienne te dépecer, alors fais-vite, mais fais bien, brave Lycan.

Les mots de Maylemis se voulaient encourageant, malgré le sombre présage qu'elle avait envisagé en cas de défaite de Yaröd. Elle n'était pas réputée pour être emplie d'une gaieté extrême et ce n'est pas pour ça qu'on faisait appel à elle de toutes façons.

Très vite la bête repéra sa cible, le soldat en question semblait et était sûrement plus fort que Yaröd mais ce dernier avait de l'astuce à revendre. D'un pas léger il s'élança dans l'ombre des bâtiments afin de contourner le soldat. Son souffle était rapide et sa vigilance maximale.

Impies sont les vivants qui craignent la mort,
Hérétiques sont ceux qui pensent la battre,
Sauvés sont ceux n'étant plus que corps.
Maudit soit celui qui sur ma route marchera !

A peine eut-il finit son psaulme que le fanatique Lycan s'éleva d'un saut puissant, dégaina l'une de ses dagues et en une fraction d'instant la plaça sous la gorge du soldat avant de la lui trancher : sans aucune émotion.
Calmement il regagna ses maîtres d'armes.

Leyrohm regarda fièrement son protégé à l'oeuvre. Il était fort, c'était un fait inéluctable. Il le laissa revenir à eux et fit un signe de tête à Maylemis.

- Je vais... nettoyer... hmm, le corps du soldat.

La mort vivante s'éloigna silencieusement et rapidement vers le corps inerte du soldat.
Leyrohm se tourna alors vers Yaröd. Il le regarda longuement et lorsqu'enfin il allait parler, Maylemis lui coupa la parole au loin.

- Le deuxième soldat ne nous embêtera pas, je m'en suis... disons qu'il ne viendra pas. Tiens, Yaröd, un conseil. Fouille les corps avant de les laisser, certains laissent des petits "trésors" bien utiles derrière eux... Fais-en ce que tu veux, c'est à toi après tout.

Elle envoya habilement vers Yaröd une dague finement gravée de deux liseret entremélée d'or fin et d'argent.
Leyrhom de sa voix paisible lui demanda:

- Alors... Le Bastion?

Debout devant son maître Yaröd encore sous le jou de la rage ne savait pas si son peuple méritait son retour, il avait tout abandonné pour suivre la voie de Nargle et alors que sa croisade commençait un passé révolu venait le torturer.

Pourquoi retournais-je dans ce pays ? Je suis un monstre, j'avais tué des êtres qui m'étaient chères pour le plaisir. Pourquoi y retournerais-je ? Pourquoi les armées de l'Ombre ne règle pas son compte à ce seigneur Ork ou devrais-je dire à cette brute sans cervelle.

Le Lycan était fixe, Leyrohm devait sûrement croire que Yaröd était pri d'absence.

- En quoi retourner sur cette terre me permettrais d'accomplir ma sainte croisade ?